Hier dans l’après-midi, Facebook chutait de plus de 6 % en bourse après qu’une enquête réalisée par le New York Times et The Observer a révélé que la société Cambridge Analytica aurait récupéré les données de 50 millions d’utilisateurs pour élaborer un logiciel permettant de prédire et d’influencer le vote des électeurs lors de la campagne présidentielle américaine. Facebook se retrouve au cœur d’un scandale de détournement des données de dizaines de millions de ses utilisateurs à des fins politiques. L’actualité nous le prouve une fois encore : la gestion des données est l’enjeu crucial de ces dernières années. Hasard ou pas, aujourd’hui s’est tenu à Montréal l’événement référence en analytique : DATAVORE.
Organisée au Palais des Congrès, cette rencontre se veut un reflet de l’importance sans cesse grandissante des données dans les entreprises et dans la société, un événement qui fait écho sans le vouloir au géant des réseaux sociaux. Tout au long de la journée, de nombreuses conférences nous ont été présentées suivies de sessions autour du feu dans un igloo, des moments privilégiés avec les conférenciers.
La conférence d’ouverture présentée par Ravin JESUTHASAN portait sur « Le futur du travail ». Auteur et penseur reconnu mondialement en ce qui a trait aux sujets de l’avenir du travail et du capital humain, il a dirigé un grand nombre de recherches sur la main-d’œuvre mondiale, sur l’économie numérique émergente, sur les technologies ainsi que sur la transformation du travail. Récemment, il a co-écrit Lead The Work : Naviguer dans un monde au-delà de l’emploi, qui présente une analyse de l’évolution rapide du travail suite à l’intégration de la technologie et de la démocratisation du marché de l’emploi. Le conférencier nous a fourni un aperçu de la façon dont ces technologies optimiseront ou remplaceront certaines tâches ainsi que les effets globaux de ces changements sur le monde du travail et sur les organisations.
S’en est suivi une autre conférence sur « Anthropologie de l’algorithmique : donner du sens à la redéfinition des conceptions d’humain et de non humain » présenté par Nicolas MERVEILLE, professeur au département de stratégie, responsabilité sociale et environnementale. Selon Nicolas MERVEILLE, ce qui se joue dans les relations contemporaines personne-machine, c’est la redéfinition de l’idée d’humain. Or, l’époque n’est guère outillée pour expliciter le sens de ce qui est en train de se jouer. Il faut donc une nouvelle métaphysique qu’une anthropologie de l’algorithmique pourrait aider à faire émerger. Après cette conférence intéressante, la session du feu a réuni les participants curieux de s’interroger sur la frontière entre l’humain et le non humain.
Le conférencier revient sur ses recherches. Il raconte que dans une entreprise où le patron a été remplacé par une intelligence artificielle pendant un an, les salariés préféraient garder la machine comme chef plutôt que de retrouver un patron humain. Selon leurs recherches, cela est dû au fait que nous – humains – arriverons facilement à biaiser et manipuler la machine pour qu’elle suive dans notre sens plus facilement. Nous y apprenons aussi que les Inuits seraient plus disposés à accepter l’IA au sein de leur communauté car ils sont “conceptuellement” plus armés alors que pour nos sociétés occidentales l’arrivée de nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle génère du contre-sens avec notre éthique. Chacun expose sa vision et ses interrogations.
Nous abordons ensuite le thème des données et de l’éthique. Parfois qualifiées de « pétrole du XXIe siècle », les données à caractère personnel voient leur valeur commerciale croître à mesure que la révolution numérique se poursuit. Encore faut-il s’assurer que l’exploitation de données se conjugue avec la protection de nos données personnelles. À l’ère des données massives, comment procède-t-on, d’un point de vue informatique, pour rendre anonymes des données privées ? Les échanges ont été fructueux et nous ont incités à de nouvelles réflexions sur les enjeux des données et de l’IA.
Pour faciliter encore plus la convivialité des échanges cette année, DATAVORE a proposé des kiosques ouverts à 360 degrés, une manière de créer un espace plus ouvert. Il y avait aussi un mur aux Q&A où nous pouvions interagir sur différentes thématiques telles que l’IA, l’internet des objets ou l’éthique. De plus, une application a été mise à notre disposition pour créer des braindates. Les braindates sont des conversations en tête à tête ou en petits groupes qui permettent d’échanger des connaissances et des expériences sur un sujet choisi lors de Datavore. Tous les participants pouvaient créer un sujet de discussion ou choisir de joindre un groupe pour échanger au Lounge Braindate.
L’événement aura permis de belles rencontres avec des acteurs du monde du BI et de l’intelligence artificielle. Le ton est donné : l’intelligence artificielle est au cœur de toutes les conférences. Du secteur bancaire à l’anthropologie de l’algorithmique, les discussions tournent autour des nouveautés en analyse de données et en l’intelligence artificielle mais aussi des interrogations et enjeux éthiques qu’elles soulèvent. Des rencontres et conférences qui nous permettent à tous de mettre un pied dans le monde de demain.
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